2 - Le phénomène catalan en Europe
Le terme de "danse country" est utilisé dans de nombreux pays. Cependant on retrouve des différences importantes selon le lieu.
Exemple: les brésiliens ont adopté un style très aérien, bien différent de celui que nous observons en France ou en Italie (cf Montana Country).
a/ Espagne
Il y a une quinzaine d'années, un groupe mexicain du nom de Coyote Dax s'est installé dans la région de Barcelone. Ce groupe de musique country a rassemblé de nombreux amateurs. Il s'est alors créé une communauté de passionnés. Des bars honky tonk ont vu le jour (le Nashville de Terrassa, Le Wild Bunch de Villasar, le Luckenback de Sabadell) ainsi que le célèbre festival Mr Banjo qui n'existe plus aujourd'hui. Très rapidement, deux communautés se sont séparées. D'un côté les amateurs de line dance (l'école de Rafel Corbi par exemple), de l'autre les partisans de l'école à David Villellas.
Ces deux communautés prétendent toutes deux faire de la danse country, mais la différence des programmes musicaux et de style de danse est nette et les deux communautés ne se fréquentent pas. Les partisans de l'école de David Villellas représentent aujourd'hui le noyau dur.
Ces danseurs s'entraînent depuis plusieurs années et ceci plusieurs fois par semaine. Il n'y a à Barcelone aucune association qui soit similaire aux clubs français. Seules quelques écoles de danse privées existent (comme le Bailongu, école où enseigne David Villellas) cependant, la plupart des danseurs se rendent dans les pubs dans la région de Barcelone. Ces bars honky tonk proposent des cours de danse country en semaine ouverts à tous, principe semblable au modèle américain (comme constaté par Manu, membre des Southern Gang et ayant vécu dans la région du Texas). Les personnes sont libres de venir aux cours ou de repartir quand ils le souhaitent. Les danseurs sont également libres de choisir les danses et le niveau qu'ils préfèrent et peuvent éventuellement faire des suggestions à l'enseignant. Les scènes sont ouvertes à tous. Bien que certains profs enseignent de façon habituelle, n'importe qui peut prendre le micro et enseigner une chorée (Julien a lui-même enseigné 2 danses au Nashville, au Kansas et au Barn). C'est cette liberté qui attire autant et aussi durablement les amateurs de danse country. La fermeture malheureuse des bars n'a pas réussi à démotiver l'ensemble des danseurs. On remarque que dès qu'un local ferme, un autre s'ouvre (ex: ouverture du "Legend" après la fermeture du "Nashville" en juin 2011).
b/ France
Dans le sud de la France, des groupuscules se sont intéressés très tôt aux chorées catalanes, à l'époque très controversées. On retiendra le couple Alain & Karine, premiers français à avoir découvert ce style, le club des Hooked Dancers et leur prof Jean-Luke Valette qui a découvert les concours catalans, Valérie Bourgeois qui deviendra juge lors de ces concours, le club des Sunny River ou le club Fan de danse. C'est paradoxalement en France qu'est né véritablement le terme "style catalan". Ce terme est apparu la première fois en février 2010, lors d'une fête interclubs organisée par le club Sunny River à Cavaillon. C'est à cette occasion que les futurs membres du Southern Gang se sont rencontrés et ont fait la surprise de danser la célèbre chorée "Fifty Five".
Cette danse, écrite par l'anglais Chari Rey et adaptée par Jean-Luke a été qualifiée de "danse de style catalan" bien que l'origine de la danse ne soit pas issue de Catalogne. On parlait bien là de style et non de chorégraphie écrite par un habitant de Catalogne. Le logo "catalan country style" créé ensuite par les Southern Gang a renforcé l'identité de ce style. Sandrine et Magali se sont lancées dans l'écriture de chorées en s'inspirant du travail des catalans. Ces travaux ont permis de remporter de nombreuses victoires lors des concours en Catalogne ("Give Me Five, Cross my Mind, Barn on the Rock") et ce succès a contribué à affirmer la notoriété du groupe. Dès le départ, les membres du Southern Gang se sont donnés pour objectif de diffuser le "style catalan" au plus grand nombre en écrivant des chorées plus "accessibles" à la demande des français ("Eight Ball, Catalan Up, Open Heart Cowboy"...), en animant des workshops, en créant une banque de données de ces chorégraphies sur leur site internet et en intégrant dans leur programme de nombreuses chorées de ce style. Le second défi du groupe était celui de casser les préjugés, de démonter tous les arguments injustifiés des anti-catalans.
Dans le même temps, un mouvement pro catalan est né aux quatre coins de la France. En 2010, on pouvait ressentir l'exaspération générale des danseurs (quel que soit leur niveau) face à la montée de la "line dance". Des danseurs venant de la campagne profonde ou de grandes villes soutenaient les initiatives telles que la création du pot commun national catalan ou les chorées de Sandrine et Magali. De très nombreux amateurs de musique country saluaient le travail des Southern Gang pour le développement du "Catalan Country Style".
c/ Italie
Les chorées écrites par les catalans étaient à une époque très mal vues par l'ensemble des danseurs italiens. Rares sont ceux qui ont assumé leurs préférences. On retiendra le club des "Hurricane", le célèbre Dj Eros et un certain Adriano Castagnoli du club "Wild Country Roma".
C'est en été 2009 que des catalans de Barcelone viennent lui rendre visite au festival de Voghera. A cette occasion, ils présentent ensemble une chorégraphie "Hallelujah". Cette danse aura l'effet d'une bombe dans toute l'Europe, au point de déstabiliser de nombreux profs anti-catalans convaincus.
Bien qu'écrite par un italien, elle sera considérée par le chorégraphe comme "danse de style catalan".
En 2011, 54 danseurs français, italiens et catalans seront au rendez-vous du festival de Voghera. Cette vague de "danseurs catalans" a surpris le public, mais les italiens jaloux du succès d'Adriano ont continué à émettre des critiques équivalentes à celles des français, la plupart injustifiées. C'est le festival de Voghera de 2012 qui marquera un tournant décisif dans l'histoire de la danse country. Grâce à une organisation internationale exceptionnelle, la France, l'Italie, la Catalogne et la Suisse ont pu rassembler un total de 190 danseurs sur le plancher du concours. Un véritable raz-de-marée de chapeaux blancs international a envahit littéralement la piste. La danse"Firestorm" a été exécutée à la perfection. Ecrite par Adriano Castagnoli, elle a fortement ému le public, certains en venant même jusqu'aux larmes. Portant fièrement le logo des United Countries, ces passionnés sont montés sur la première marche du podium dans l'euphorie générale. Les juges du concours (Séverine Fillion et Rob Fowler), provenant d'univers différents du style catalan ont dû se rendre à l'évidence: cet événement n'était pas banal, c'était une formidable démonstration des danseurs passionnés issus de plusieurs pays unis derrière Adriano, symbole international incontesté du "Catalan Country Style".
United Countries est la victoire du "Catalan Country Style" en Europe !